Quelques bases sur
les réglages lors des prises de vues
Patrice FOIN
Ces « bases » n’engagent que moi ! Ce sont celles que j’utilise personnellement. Elles ne correspondent donc qu’aux types de photo que j’ai l’habitude de faire… Un peu de tout, photos de nature (surtout), de famille, de paysages, de voyage, ultramacrophotos, etc. mais jamais de studio. Donc ne cherchez pas ici les réglages que vous pourriez utiliser en studio, vous ne pourriez qu’être déçus, même si ce que je donne comme règles générales reste en principe applicable dans tous les cas.
1.
Réglages de
quoi ? Les paramètres sur lesquels on peut jouer.
-types de fichiers et définition
-le « couple infernal » ouverture/vitesse (ou diaphragme/vitesse, comme on voudra…)
-mais aussi la sensibilité
-le choix du mode de prise de vue
-autofocus, mise au point manuelle, choix du collimateur d’autofocus
-le choix du mode de mesure
-la prise en rafales
-l’utilisation d’un flash d’appoint (pour mémoire)
2.
Types de
fichiers et définition.
Personnellement, je n’utilise que du jpeg mais avec la plus haute définition. A quoi bon avoir des tas de mégapixels si on réduit la définition, ce qui réduit aussi au passage la capacité à recadrer ? Sur le RAW, voir un mot à la fin (cela mérite beaucoup plus et je l’écrirai par ailleurs car ça n’est pas le sujet ici…)
3.
Ouverture et
vitesse (et sensibilité)
L’ouverture conditionne la profondeur de champ.
La vitesse conditionne la présence ou l’absence de flou de bougé (de l’opérateur ou du sujet).
Les deux sont liées : si l’on augmente la vitesse, il faut ouvrir plus pour avoir autant de lumière, sinon, on assombrit la photo
On trouve une formule donnant la profondeur de champ sur le site : http://www.dofmaster.com/dofjs.html (en anglais)
Quelques
règles simples :
-plus on ferme, plus on a de profondeur de champ
-on considère souvent qu’avec un appareil tenu à la main, la vitesse ne doit pas être inférieure à la focale : avec un 400mm, on ne devrait pas prendre en-dessous du 1/400, avec un 100mm, pas en-dessous du 1/100 ; les stabilisateurs vont dans le sens de l’amélioration mais le passage aux capteurs APS/C dans le sens de la dégradation, donc dans l’ensemble, ça reste valable ;
-on considère qu’avec une focale assez courte, c’est surtout la « tremblote » de l’opérateur qui va jouer et qu’il n’est guère possible de descendre en-dessous de 1/50, 1/30 en faisant attention, 1/15 ou moins en se calant très bien (contre un pilier par exemple), encore plus lentement sur pied mais ça change beaucoup de choses ;
-attention sur avec un gros téléobjectif stabilisé sur pied, le stabilisateur engendre parfois des vibrations qui créent du flou de bougé…
Un
joker : la sensibilité
-pour obtenir un cliché ayant la même luminosité, la vitesse et l’ouverture sont liées ; si l’on a vraiment besoin d’une vitesse plus rapide et de la même profondeur de champ (ou inversement de plus de profondeur de champ à vitesse égale), on peut augmenter la sensibilité (nombre d’ISO) ;
-en principe, plus on augmente la sensibilité, plus le cliché sera bruité (on peut aller jusqu’à voir apparaître des petites taches de couleur qui font un moucheté sur la photo quand on la grossit) ;
-dans les conditions de photo normale, on n’a guère ce problème jusqu’à 400ISO ; personnellement, mon boîtier est toujours préréglé sur 400ISO mais c’est avec l’idée de pouvoir réagir rapidement à un sujet en mouvement ; avec mon grand angle, j’aurais plutôt tendance à passer en 100ISO… si j’y pense car il n’est pas évident de penser à tous les réglages tout le temps… ; quand il s’agit de prendre des clichés banals (paysages, scènes normalement éclairées, sujet immobile et bien éclairé…), on n’a en effet aucune raison de garder 400ISO et on peut descendre à 100 voire en-dessous si le boîtier le permet ; la photo n’en sera que meilleure si l’ouverture et la vitesse sont suffisantes ;
Quelques
trucs qui améliorent les choses :
-Si l’on photographie en (courtes) rafales, la deuxième photo sera souvent plus nette (ou moins bougée…) que la première : l’appareil et l’opérateur se sont stabilisés après l’à-coup du déclenchement ; ceci est valable même pour des sujets statiques (exemple, intérieur de pièce ou de monument peu éclairé) ;
-si l’on force la sensibilité quand on est dans une semi-obscurité, on aura le plus souvent une photo peu exploitable car trop bruitée :
-ça n’est pas une raison pour ne pas essayer, le pire n’est pas certain !
-si l’on n’est pas dans une demi-obscurité mais avec un éclairage fort et direct (soleil par exemple), on peut se permettre de forcer beaucoup plus la sensibilité sans être trop bruité ; c’est très intéressant pour de la photo à très grande vitesse qui demande quand même de la profondeur de champ (mésange en vol, avion ou voiture de course, photo de sport, insecte en vol, etc.) ; ça peut aussi être intéressant simplement pour accroître la profondeur de champ (ça peut paraître étonnant mais je tiens mon explication théorique de tout ceci à la disposition des petits curieux qui aimeraient la connaître…) ;
-on ne dira jamais assez qu’en numérique, la photo ne coûte (pratiquement) rien, on peut donc se permettre de procéder par essai et erreur : on prend la photo avec un réglage, on affiche le résultat sur l’écran LCD, on rectifie les réglages, on recommence, etc. ; c’est presque toujours possible, même sur des sujets fugitifs comme en photo de nature : il est très rare que le sujet passe une seule fois par surprise et, dans ce cas, on appuie sur le bouton sans se poser de question puis on a la surprise, il n’y a pas d’alternative…; même que la surprise peut être bonne si l’on avait des préréglages pensés pour convenir dans la plupart des cas (voir plus loin) ; les seules limites viennent de ce que l’on ne peut pas réellement juger sur l’écran LCD du flou (bougé et profondeur de champ), même en zoomant ;
-quand on est obligé pour une raison quelconque de prendre à une vitesse trop lente (mettons 1/15 de seconde) et sans pied (par exemple, un intérieur d’église), il vaut mieux essayer de se bloquer le plus possible ; si vous avez déjà fait du tir sur cible, les astuces des tireurs sont valables : essayer de se caler du mieux possible, bloquer sa respiration au moment de déclencher, appuyer délicatement sur le déclencheur de façon à « être surpris » par le déclenchement, etc. ; c’est valable également en photo animalière quand on est dans des conditions limites d’éclairement, sous-bois, tombée du jour, etc. Parce que trimbaler un pied… ça n’est pas le pied !!! (il existe aussi de tous petits pieds qui rendent parfois de grands services et ne sont pas chers !). Ceci est d’autant plus vrai qu’en photo animalière et aussi étonnant que ça puisse paraître, les animaux sauvages classés comme gibiers ou nuisibles n’aiment déjà pas trop les téléobjectifs mais pas du tout les pieds (essayez d’expliquer à une corneille qu’un pied ou un télé ne sont pas des fusils…).
4.
Le choix du
mode de prise de vue
4 modes intéressants : P, Av, Tv, M. Les autres modes, automatiques (pour débutants en photo) ne produisent pas de mauvaises photos mais vous réussirez rarement la photo d’exception avec… Pour l’anecdote, j’ai même trouvé un boîtier (compact) qui, doté d’un réglage « animal domestique », demandait d’introduire le nom de l’animal une fois la photo prise… C’est tout sauf de la photo… Un des principaux défauts de ces réglages tout automatiques est de sortir le flash d’appoint à tout propos alors que, si celui-ci est effectivement très utile dans certains cas, il est essentiel que son usage reste maîtrisé. En mode P comme dans les trois autres modes cités ci-dessus, il le sera.
P : mode automatique « pas trop bête », utile pour les photos lambda ; l’appareil détermine tout seul vitesse et ouverture ; on peut en général modifier l’un et l’autre simultanément à l’aide d’une molette ou autre réglage propre à l’appareil (on voit en principe les paramètres s’afficher dans le viseur, quand on tourne la molette, l’appareil redétermine le couple infernal ouverture/vitesse en fonction du changement qu’on lui impose) ;
Av : priorité à l’ouverture : on fixe une ouverture et c’est l’appareil qui va déterminer la vitesse ; c’est donc intéressant quand on veut surtout maîtriser la profondeur de champ ; il faut toujours vérifier que la vitesse reste « raisonnable » et qu’on ne va pas risquer un flou de bougé à cause d’une vitesse trop lente ; valable pour les sujets courants : paysages, personnages, etc.
Tv : priorité à la vitesse : on fixe une vitesse et l’appareil détermine une ouverture ; très nécessaire en photo de nature ou avec des sujets mobiles et des téléobjectifs qui requièrent des vitesses assez élevées ; toujours vérifier qu’on ne sort pas des limites de l’épure au point de vue ouverture (c’est même le problème principal) ; sinon, on risque une photo complètement sous-exposée (dans l’autre sens, surexposée est peu probable…) ;
M : manuel ; on choisit soi-même sa vitesse et son ouverture en fonction de ce que l’appareil indique ; essentiel pour les photos très techniques : photos de nature très complexes, sujets sombres sur fond de ciel lumineux (oiseaux en vol par exemple), certaines macro-photos, photos de nuit, etc. La méthode par « essai et erreur » peut conduire à faire une première photo dans un des 3 premiers modes, à regarder sur l’écran LCD ce que ça donne, et à finir en mode manuel en ayant « pifométré » de meilleurs réglages.
5.
Réglages
annexes et vérification des réglages a posteriori (données EXIF)
Réglage de la distance et autofocus. Il y a deux types de choix à faire :
-utiliser l’autofocus ou faire la mise au point manuellement à l’aide de la bague ad hoc de l’objectif (du grand art absolument nécessaire dans certains cas particuliers…)
-choisir le collimateur d’autofocus ; dans la pratique, il n’y a guère que 2 possibilités vraiment intéressantes : soit prendre tous les capteurs, soit uniquement le capteur central ; le premier cas est le plus général, le deuxième est très utile sur les sujets qui bougent et en photo de nature.
Choix du mode de mesure. En principe très intéressant si l’on veut se focaliser sur un sujet particulier (cas des photos de nature). En pratique, ça fait beaucoup à penser et ça n’est pas pour cela que ça va marcher à tous les coups… alors personnellement, je préfère les essais et erreur qui conduisent au même résultat.
Utilisation d’un flash d’appoint. Il ne s’agit pas ici de détailler la photo au flash, mais un coup de flash peut permettre de déboucher un premier plan sombre dans de très nombreux cas : personnages ayant plus ou moins le soleil dans le dos, prise de vue d’un couvert forestier vers un espace libre ; photo d’architecture avec un plan plus sombre (entourage d’un vitrail, arc ouvrant sur un cloître très ensoleillé, etc.). La méthode par essai et erreur marche très bien, en commençant sans flash puis en testant ce que ça donne avec un petit coup de flash et divers réglages jusqu’à obtention de la bonne pondération entre les divers plans.
6.
Des réglages
suivant les cas de figure.
Le tableau
ci-dessous contient quelques indications sur les réglages que j’utilise
personnellement ; il y a bien sûr 36 autres possibilités et mes solutions
ne sont pas forcément les meilleures. Tout
ceci est purement indicatif et n’a aucune valeur dans l’absolu !
Attention ! Dans le tableau <=1/400 veut dire inférieur ou égal à 1/400, donc une vitesse plus rapide, par exemple, 1/800.
Ça n’est pas parce que vous saurez que je prends des mésanges en vol en 3200ISO au 1/5000 avec f aux alentours de 7,1 que vous réussirez à en prendre : personnellement, j’en ai fait 1000 avant d’en avoir une bonne ! Quoi qu’il en soit, la méthode par essai et erreur aide grandement dans la plupart des cas.
|
Mode |
Vitesse |
Ouverture |
Sensibilité |
Remarques |
Paysage |
P ou Av |
<=1/50 |
Essayer de fermer suffisamment |
100ISO à 400ISO |
Bien entendu, il y a aussi le HDR… |
Scène de Famille,etc. personnage |
P ou Av |
<=1/50, Plus rapide, c’est mieux ! |
Suivant ce qu’on veut faire de l’arrière plan |
100ISO à 400ISO |
Coup de flash éventuel |
Contrejour, nuit américaine |
P |
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100ISO |
Ne jamais diriger l’appareil directement sur le soleil, surtout avec un télé. Mode P, puis ajuster en mode M si nécessaire |
Architecture extérieure |
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Idem paysage |
Architecture intérieure |
Av ou M |
Aussi lent qu’on l’ose ! |
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400ISO ou plus |
Sur pied, c’est idéal ; au flash, ça peut donner des choses sympas ; essais et erreurs |
Vitraux |
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Se régler sur le vitrail, puis coup de flash pour déboucher l’entourage du vitrail |
Plantes |
Tv |
<1/320 |
Fermer le plus possible en jouant sur la sensibilité |
400ISO ou plus |
Une plante, ça bouge dans le vent, c’est en général petit, il faut composer la photo pour qu’elle se détache : difficile ! Avec un insecte dessus, c’est tellement mieux ! Collimateur d’autofocus central |
Animaux « lents » : mammifères, mouettes, canards, pigeons en vol, insectes posés, etc. Sports courants |
Tv |
<=1/400 |
Essayer de fermer un peu (f7,1 ou 8 ou plus), suivant situation |
400ISO |
Collimateur d’autofocus central |
Animaux rapides : rapaces en vol, oies, grues, libellules en vol, etc. Sports de vitesse |
Tv |
<=1/1000 |
Essayer de fermer un peu |
400ISO ou beaucoup plus si nécessaire : 1000ISO ou plus, surtout par forte luminosité |
Collimateur d’autofocus central |
Animaux très rapides : petits oiseaux en vol, etc. |
Tv |
<1/4000 |
On se débrouille |
Forcer la sensibilité |
De la voltige, ne pas compter réussir du premier coup ! Nombreux essais et erreurs. Autofocus débrayé, il ne suit en général pas. |
Macrophoto de sujets statiques |
Av |
|
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Dépend totalement de l’objectif employé et des conditions d’éclairage |
Photo de nuit |
Tv |
>1 sec |
Fermer suffisamment |
Essayer de rester en-dessous de 400ISO |
Sur pied ou appareil posé ; essais et erreurs de rigueur ; ne pas oublier de déconnecter l’autofocus et de régler la distance ! Flash suivant sujet. |
Préréglages de l’appareil.
Parce que quand le renard bondit devant vous ou que le héron s’envole de manière inattendue, il est trop tard pour faire des réglages, mieux vaut avoir prévu des préréglages à tout faire qui ont des chances de marcher dans beaucoup de cas. Personnellement, en France et pour de la photo de nature avec un 400mm, j’utilise les préréglages suivants :
-mode Tv (sur lequel je suis en permanence) : 400ISO, 1/400,
-mode M (avec l’idée d’oiseaux en vol sur fond de ciel) : 400ISO, 1/1000, 7,1
Le tout en permanence avec le collimateur central.
7.
Après
coup.
Si une partie de la photo paraît cramée mais que la photo est chouette (par exemple, aile d’un oiseau blanc…), vérifiez avec un logiciel de traitement d’images qu’il n’y a pas des nuances invisibles à l’œil dans la partie qui paraît cramée (la fonction courbe de GIMP2 ou Photoshop est idéale pour rattraper ça, vous pouvez déjà le voir sur l’histogramme et même sur l’histogramme que fournissent la plupart des boîtiers). Certains prétendent qu’en mode RAW, on peut avoir plus de nuances. Pour des raisons théoriques que j’écrirai par ailleurs, je pense que ça n’est pas vrai dans une grande majorité des cas mais que ça peut être vrai dans des cas très particulier. Comme le RAW pénalise largement le mode rafale, ne serait-ce qu’en réduisant considérablement la durée de celles-ci et la capacité de la carte mémoire, je suis toujours en jpeg avec la plus haute définition.
Si vous voulez savoir a posteriori quels étaient les paramètres de prise de vue que vous avez utilisés sur un cliché particulier, allez voir les données EXIF (sur les PC, dans la visionneuse, cliquez à droite sur le cliché, Propriétés et Détails, vous aurez tout y compris les références de votre boîtier… y compris pour de petits compacts qui ne vous disent même pas cela quand vous prenez la photo…)